Activités (Actives)

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région Krönten

.Samedi 12 avril, 1er jour

Que des bonnes nouvelles déjà avant le début de nos trois jours à la Krönten ! Malgré un retour de météo incertain après plusieurs semaines d’un été déjà à notre porte, la course allait être maintenue… grâce au foehn qui, en Suisse centrale nous protège des intempéries arrivant de nos compères les Gaulois.
Notre voyage en train prend fin à Erstfeld, en face du Gotthard Bar nous embarquons dans le bus de Tell. Notre traversée de la bourgade ne passe pas inaperçu, un p’tit coucou par-ci, de très nombreux signes de la main par-là, connu et reconnu dans la contrée comme un Waldstätten attendant de pied ferme le seigneur des Habsbourg, notre sympathique chauffeur s’éclate au volant. Un dépaysement que cette montée de la verte vallée jusqu’aux alpages encore enneigés… ou presque, puisque c’est skis attachés sur le sac que nous commençons notre grimpette à la cabane.
Pour éviter une sieste qui aurait pu se profiler avant le repas du soir, Laurent et Gilles nous réservent une petite variante par le Päuggenfurggi à 2'400 mètres et une possible conclusion au sommet du Rot Stock avec en prime une descente directe sur la Kröntenhütte. Cependant, le passage coté D+ au-dessus de l’Obersee ne semble, vu du haut, pas en conditions, dommage. À contre cœur, mais logiquement, nous rebroussons chemin dans une neige encore acceptable. La réponse tomba, mais la réponse uniquement, 20 heures plus tard, vu d’en face, les couloirs auraient été praticables. Pas grave, on est tellement bien ici en haut !
Et la suite vous la connaissez, reprendre des forces, boire assez pour recharger ses batteries, rigoler un bon coup, se remettre en forme et se reposer, oui je sais, cela fait beaucoup de RE. À l’inverse de l’expérience du chat de Schrödinger et pour mettre en doute les paradoxes de la physique quantique, demain matin, lorsque nous ouvrirons la porte de la cabane, nous ne serons pas mort, mais détendus et tout à fait sûr d’être véritablement bel et bien vivants !!! Y’a pas de doutes, après le souper de roi servi par Irène et Markus qui, après 46 ans de gardiennage prendront leur retraite à la fin de cette année, le plus difficile sera d’être à l’heure pour coller ses peaux !

Dimanche 13, 2ème jour

3 dortoirs pour 8 ; autant dire que les ronfleurs ne nous ont pas dérangés et que chacune et chacun a pu prendre ses aises pour se préparer.
Le drapeau uranais flotte au foehn et le sommet du jour, le piz Krönten est perdu dans les nuages alors que nous quittons la cabane. Nous choisissons l’itinéraire de droite, moins pentu, qui nous permet de monter coolos en allongeant le pas. La neige est juste un peu durcie mais passe bien sans les couteaux. Après 2 petites heures nous arrivons sur le bas du glacier et suivons l’arête de rochers qui se perd dans le brouillard. La pente se redresse et devient plus rocheuse, par moment le soleil perce les nuages, produisant des jeux de lumière fabuleux. Nous mettons les crampons et attaquons la suite. Après une première pente en neige dure nous atteignons une belle arête de neige genre petit « Biancograt » puis arrivons sur la partie rocheuse. Nous faisons un dépôt de bâtons et de crampons en alu et continuons.
L’arête se transforme en une longue passerelle de rochers qui s’enfonce dans le brouillard et le ciel, genre « Entrée dans un monde magique » d’un film de super héros. Au bout: 2 blocs de rochers de 15 mètres de haut tapissés de givre. Nous sortons la corde et gravissons le bloc de gauche. Le bloc de droite, 2 mètres plus haut a l’air nettement plus difficile. Des cordes et dégaines posées à différents endroits montrent qu’il doit se gravir… en été… Bientôt, nous sommes tous au sommet dans une ambiance un peu surréaliste pour la photo. Le nom du sommet « Piz Krönten » ne vend pas du rêve et pourtant…

Nous assurons la descente et profitons d’une trouée de soleil pour croquer un morceau. Alors que le brouillard se referme, nous reprenons le chemin du retour, passons presque à côté du dépôt de bâtons et repérons le dépôt des skis grâce à la couleur rouge des Blackcrows. Ensuite, une enfilade de belles pentes en neige dure puis un peu ramollie, puis carrément pourrie nous ramène à la cabane. Un peu partout des petites coulées de neige se mettent à descendre ; il était temps de rentrer.
Nous sommes seuls au monde et profitons de la terrasse ensoleillée pour trinquer, disserter, commenter, sécher nos affaires, jouer aux castors…
A 6:30 heures, nous apprécions à nouveau un repas 6 étoiles composé d’une soupe à l’orge, d’une superbe salade, de pommes de terre-poireaux et leur piccata ainsi que d’un dessert ; le tout tellement copieux que nous avons dû prendre un petit génépi pour la digestion...

Kröntenhütte, Lundi 14, 3ème jour

Quel luxe de pouvoir ranger nos affaires à l’aise dans les différents dortoirs puis de préparer nos sacs en ayant de la place !

C’est vers 6h40 que le groupe s’ébranle dans la même direction que la veille. Ciel mi dégagé ; presque pas de vent. La neige a un peu durci en surface pendant la nuit, ce qui vaudra quelques cabrioles conversionesques dans les passages pentus. Sur le glacier du Glatt Firn, le foehn est à nouveau de la partie et des bancs de nuage jouent à cache-cache avec les sommets environnants. C’est au pied du Gross Spannort, sur le coup des 9h30, que Gilles nous propose une vraie pause bien méritée qu’Ariane s’empresse de mettre à profit. Peu à peu, le brouillard se fait moins dense, nous offrant un panorama magnifique sur les dentelles des sommets environnants ainsi que sur les verts pâturages au-dessus d’Engelberg.
Le groupe prend la direction du Spannortjoch et enlève ses peaux pour profiter des 100 mètres de dénivelé mais c’est une neige dure comme une tête d’Uranais qui les secoue pendant cette courte descente. Après avoir remis ses peaux, le groupe atteint le Chüefadpass. C’est là que, les deux chefs de course proposent un petit sommet pas loin. Ni une ni deux, tous enfilent leurs crampons et empoignent leurs piolets pour attaquer l’étroite langue de neige puis de glace menant au Wintertürmli situé au point 3002; autrement dit un des contreforts rocheux du Chli Spannort . Quel plaisir de tous se retrouver au sommet, dans un foehn têtu mais face aux magnifiques aiguilles.
La descente du couloir, bien que demandant concentration dans sa partie la plus raide et glacée, se déroule sans encombre.

Comme il est midi et que l’estomac régit la vie de certains clubistes, ils est décidé de pique-niquer à l’abri du foehn (merci Alain pour l’emplacement).

Vers 13 heures, le groupe s’engage dans la magnifique descente du Chüefafirn, d’abord dans une neige ramollie à souhait mais devenant rapidement plus lourde ; de sorte que tous ont l’impression de faire du ski nautique ! En dessous de 1900 m., la neige ayant disparu par endroit, il faut en plus se frayer un passage dans les rhododendrons avant de pouvoir profiter de taches de neige puis d’un chemin qui les mène presque sans marcher jusqu’au contour de Gorezmettlen situé à 1613m, sur le versant uranais du Susten. Le minibus ne venant les chercher que 45 minutes plus tard, le groupe en profite pour s’aérer les arpions, se changer et refaire de l’ordre dans les sacs. Une demi-heure après, attablés derrière une bière sur une terrasse avec vue sur la gare (si, si, n’en déplaise aux mauvaises langues ; il existe des restaurants ouverts à Erstfeld), les val-heureux clubistes reprennent gentiment contact avec la civilisation avant leur retour en train.

Merci à nos deux organisateurs, Laurent et Gilles, de nous avoir fait découvrir cette région de la Suisse dite primitive.

Merci à tous pour ces trois journées hautes en couleurs et aux narrateurs, Nicolas, Alain et Ariane pour la rédaction du samedi et du lundi. Laurent